Ces vêtements qui polluent : la prise de conscience

Les vêtements ? Ils détruisent notre planète. Nous en produisons et nous en consommons trop. Où se situe le problème ? Quelles sont les solutions ? On vous explique tout en huit points.

Ebra Presse
Created by Ebra Presse Feb 14, 2020

Le constat

Après le pétrole, la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. « En 2015, les émissions de gaz à effet de serre dues à la production textile ont totalisé 1,2 milliard de tonnes de CO2, c'est-à-dire plus que les vols internationaux et le fret maritime réunis » notait la Fondation Ellen Mac Arthur en novembre 2017. Les fibres synthétiques sont en effet en général issues d’énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole. Les procédés industriels pour produire ces fibres sont nocifs. Les tissus ne sont pas biodégradables. Sans compter les dépenses en eau nécessaires à la fabrication, astronomiques.
 
De surcroît, l’entretien de nos habits synthétiques lavés en machine relâche ensuite chaque année 500 000 tonnes de micro particules de plastiques dans les océans via les eaux usées. C’est comme si on jetait à la mer 50 milliards de bouteilles en plastique.

L'exemple

La confection d’un simple jean, le vêtement le plus porté au monde -il s'en vend 2,3 milliards chaque année dans le monde, soit 73 jeans par seconde-, nécessite par exemple 300 lavages pour faire un modèle lambda. Outre ces milliers de litres d'eau -de 7 000 à 10 000- il faut des pesticides, des colorants, des détergents et des milliers de kilomètres de transport. Sans compter que le coton, matière première du jean, est le troisième plus gros buveur d'eau d'irrigation au monde, après les cultures de riz et de blé.

Le chiffre

Selon l’ONG Greenpeace, la production d’un seul tee-shirt en coton nécessite en moyenne 2 700 litres d’eau, soit le volume que boit une personne en 900 jours.

Le lexique

A mille lieues de la « slow fashion » (mode durable), la « fast fashion » (mode jetable) pousse à consommer beaucoup trop de textiles et d’accessoires. Chaque Français en achète entre 10 et 30 kilos par an selon les sources, soit beaucoup plus qu’il y a 15 ans, mais conserve ses pièces deux fois moins longtemps. Parfois, elles ne sont portées qu’une dizaine de fois avant d’être jetées. Une hérésie qui génère de grandes quantités de déchets dont la majorité n’est, hélas, pas valorisée. Faute de tri ou de don, 80 % des vêtements finissent leur vie avec les ordures ménagères.

La loi

Chaque année, entre 10 000 et 20 000 tonnes de produits textiles neufs sont détruits en France, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. Cela équivaut au poids d’une à deux Tour Eiffel. Un constat aberrant qui ne sera, espérons-le, plus qu’un lointain souvenir avec l’adoption définitive, fin janvier, du projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. 

Ainsi, à partir du 1er janvier 2022, l’élimination des produits non alimentaires sera interdite, sauf s’il n’existe aucune solution technique de réemploi, de réutilisation ou de recyclage. Cette mesure d’interdiction d’élimination des invendus visera toutes les enseignes de l’industrie textile (producteurs, distributeurs et plateformes en ligne) et permettra de faire économiser 250 000 tonnes par an de CO2, soit l’équivalent des émissions de 125 000 voitures par an. En guise de dissuasion, le gouvernement prévoit une amende de 450 euros pour chaque vêtement détruit illégalement.

Par ailleurs, dès le 1er janvier 2025, les machines à laver neuves (des particuliers comme des professionnels) devront être dotées d’un filtre à microfibres de plastiques afin de préserver nos océans pollués.

Les balbutiements

La réflexion écologiste devient de plus en plus incontournable pour les acteurs de la mode. En 2018, la marque Levi’s investissait dans la technique du laser pour éviter les produits toxiques liés à l’usure souhaitée sur les jeans.

En août 2019, 150 grandes maisons, parmi lesquelles Saint Laurent, Balenciaga, Chanel et Hermès- ont signé à l’occasion du G7 à Biarritz le "Fashion pact" en s’engageant à réduire leur impact environnemental. Mais quelques « couacs » subsistent.

En 2017, la marque anglaise Burberry avait fait l’objet d’un tollé général en admettant avoir détruit l'équivalent de 30 millions d'euros d’invendus en les brûlant au nom de la protection de la marque. La même année, la marque H&M, accusée d'employer des produits chimiques et polluants lors de la fabrication de ses habits, avait reconnu faire partir en fumée 12 000 tonnes d’invendus par an

La nouveauté

L'enseigne C&A vient d'annoncer la création de la première toile de jean au monde à atteindre le niveau de certification le plus élevé de l'économie circulaire à impact positif. Le denim est fabriqué à partir de ressources 100% renouvelables et est recyclable. Le délavage du jean est réalisé avec des produits chimiques non toxiques. En parallèle, afin de garantir une gestion responsable des énergies, l'eau de traitement a été maintenue dans un circuit fermé. Un pas de plus dans la progression de la mode éco-responsable !

Les nouvelles pratiques

Aujourd'hui, les consommateurs prennent d'avantage conscience de ces enjeux environnementaux lorsqu'ils achètent un produit. De nouvelles pratiques apparaissent, et celles-ci n'empêchent pas de renouveler sa garde-robe, bien au contraire. On peut d’abord choisir des matières et tissus de qualité, plus durables, et faire des choix adaptés à ses besoins réels. Avant de sortir la carte bleue, questionnez-vous : « En ai-je vraiment besoin ? », « Vais-je réellement le porter ? », « Et ce que je n’ai pas déjà dans mon placard un modèle similaire ? », etc. 
Autre astuce éco-responsable : le recours au marché d’occasion. S’offrir des vêtements de seconde main permet de renouveler sa garde-robe en se rendant dans les friperies, les bourses aux vêtements, les dépôts-vente et autres vide-greniers, sans exploser le budget. Très populaires aussi, les plateformes en ligne d'achat et de revente de vêtements comme "Vinted", "Videdressing" ou "Le Bon Coin".  D’autant plus que le vintage est tendance. Ce serait bête de ne pas en profiter.

Enfin, s’il s’agit d’un article auquel vous tenez, vous pouvez le faire réparer afin de lui donner une seconde vie. C’est particulièrement vrai pour une paire de sneakers usagées ou une veste élimée qui peuvent retrouver une seconde jeunesse après un passage entre les mains d’un spécialiste. Pensez-y avant de vous en débarrasser !

L'idée

Sans passer par la case « acquisition », on peut aussi miser sur la location pour des pièces qu’on ne portera qu’une fois (une robe de mariée par exemple), ou se rendre dans le dressing de vos proches pour troquer, prêter ou donner.